lundi 23 janvier 2012

Eblouissements

Dans une vie, sur près de soixante-dix ans, j’ai connu quelques moments intenses. Des rencontres avec des êtres qui ont compté, d’abord, et puis des découvertes d’ordre intellectuel.
Ainsi, je garde un souvenir très présent de ma première lecture de Crime et Châtiment, il me semble encore ressentir mes émois en lisant Phèdre de Racine ou les Fleurs du Mal de Baudelaire.
Des textes forts qui m’ont fait une impression durable. Je peux dire qu’ils ont modifié ma pensée et peut-être mes actes.
Je me rappelle, voici une quinzaine d’années, avoir un jour entendu pour la première fois la Passion selon Saint Matthieu de Bach et en avoir été bouleversé. J’avoue que j’aurais pu faire cette rencontre plus jeune, mais la vie est ainsi faite.
Eh ! Bien, voici qu’en deux semaines, j’ai lu des ouvrages d’exception. Je m’émerveille qu’à mon âge, on puisse ressentir des réactions aussi violentes. Je sens parfois ma respiration s’arrêter, il me faut partager avec quelqu’un cet instant si fort. Le premier livre qui m’a ainsi remué est « Pourquoi je ne suis pas chrétien », par Bertrand Russel. Un texte implacable, un réquisitoire sans concession envers les églises chrétiennes, et d’abord Rome. En avançant dans sa lecture, je sentais mon regard sur la religion évoluer. Selon mon habitude, je mets les théories de Russel en doute. Je cherche quel est son ressort, quels comptes il règle. Il n’en reste pas moins que je crois que je n’aurai plus le même jugement de la chose religieuse après.
L’autre ouvrage qui m’a procuré et qui continue à me donner des joies intenses, c’est un livre d’histoire : 481-888, la France avant la France. Il s’agit du premier volume d’une série qui en compte treize. Des gros bouquins abondamment illustrés, un peu comme les ouvrages de la collection « Découvertes » de Gallimard, mais au format in-8° et de sept cents pages.
Là encore, tout ne doit probablement pas être pris pour argent comptant, et mes faibles connaissances en histoire ne m’autorisent pas à avoir des idées différentes de celles des auteurs, mais je me demande en permanence s’il n’y a pas d’autres explications. Il n’empêche : quel bonheur. J’apprends que, à la fin de l’Empire romain, les germains prenaient une place de plus en plus importante dans l’armée et l’administration. L’église catholique devenait une puissance avec laquelle il fallait compter. Les germains s’assimilaient, se convertissaient, et peu à peu nous allions vers le royaume franc, initié par Clovis.
De tels bonheurs font du bien, et je veux en faire part à mes lecteurs. C’est fait.

1 commentaire: