jeudi 11 septembre 2014

Lettre ouverte à madame Brigitte Bardot


Madame,
D’aussi loin qu’il m’en souvienne, je n’ai éprouvé pour vous d’attirance. Votre succès planétaire m’a toujours surpris, et devant l’enthousiasme de la plupart des hommes à votre égard, force m’est de constater que c’est moi qui n’ai pas bon goût. Des personnes qui vous ont approchée donnent de vous un portrait très attachant et j’admire votre pugnacité. La liberté de vos mœurs, naguère et peut-être encore aujourd’hui, recueille toute mon indulgence : une femme qui donne aussi généreusement du plaisir à tant d’hommes ne peut être mauvaise.
Vous faites à nouveau parler de vous par une lettre ouverte à nos dirigeants et je trouve votre argument final assez culotté : vous êtes assez sûre de vous pour supposer qu’ils seraient sensibles au fait que vous risquez de rater votre vie. Sans doute s’en soucient-ils peu, mais l’argument a toutes chances de porter auprès du public – la sacro-sainte opinion – et vous jouez sur cette corde avec beaucoup d’intelligence en publiant votre manifeste larga manu.
J’imagine que si j’écrivais au Président et au Premier Ministre une lettre selon laquelle j’aurais raté ma vie si on ne prend pas des mesures pour accueillir les plus démunis, nul ne prêterait attention à mes propos.
Sur le fond de votre démarche, je crois que dans quelques générations, l’homme cessera de tuer des animaux pour se nourrir et que, sur ce point, vous êtes en avance sur les mentalités, que vous contribuez à faire évoluer. Bravo donc pour votre persévérance et pour utiliser votre notoriété pour faire triompher vos vues.
Je vous embrasse.

Armel Bazin