jeudi 31 janvier 2013

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31 décembrePetits enfants
écoutez votre grand-p re
poil au derri re
1er janvier
« en deux mille treize
je promets que chaque jour
je ponds un po me
Japonais, s'entend »
2 janvier
« l'hiver est venu
la nature s'est endormie
Ah! Dormir moi aussi... »
3 janvier
« aujourd'hui, silence:
je n'ai plus d'inspiration
demain, ha ku »
4 janvier
« les résolutions
on en prend plein, on les suit
puis on va dormir »
5 janvier
« le bruit de mes pas
je n'entends que lui l'hiver
et mon coeur qui bat »
6 janvier
« Perdu Euridice
Promets forte récompense
C'est signé
Orphée »7 janvier
« dis donc, fainéant,
T'es encore l glander?
Non, je procrastine
8 janvier
« il fait nuit encore
on n'entend dans la campagne
que le vent qui souffle »

9 janvier
« J'ai plus de cheveux
et les arbres plus de feuilles
repousseront-ils? »
10 janvier
Aimer sans foutre est
peu de chose. Foutre sans
aimer, ce n’est rien
11 janvier
en comptant mes pieds
je me suis un peu trompé
Il m’en manque un
12 janvier
Hériter, c’est bien
gagner sa vie, c’est pas mal
mais voler, c’est mieux
13 janvier
le flot menaçant
atteindra-t-il la maison?
Je monte l’étage
14 janvier
Penser l’été
dans le froid et le brouillard
ça, ça fait du bien!
15 janvier
les rondeurs cachées
dans les lainages d’hiver
paradis perdu
 
Hors série :
ceux qui se défilent
quand il faut faire un effort
ce sont des minables
16 janvier
mon tonton Hervé
avait sur lui du poison
moi, c’est du viagra
17 janvier
Au vainqueur, ton coeur
que pourras-tu donc, ma belle
offrir au vaincu?
18 janvier
Give the dog a bone
said the teacher, but I had
neither dog nor bone
19 janvier
soyez généreux
vous ne vivrez pas plus vieux
mais vous vivrez mieux
20 janvier
un détournement
d’ha kus, docteur, c’est grave?
Parfois on en meurt
21 janvier
Qu’est ce tu as, Louis
T’as vraiment pas l’air en forme?
J’ai perdu la t te
 
 
22 janvier
ni fumer, ni boire
je n’ai plus qu’un seul plaisir :
la provocation
23 janvier
eh! Ducon, pourquoi
t'as pas mis ton clignotant?
- j'ai pas pris l'option
24 janvier
tout dort dans la ville
on voit bien qu'il est passé
le marchand de sable
25 janvier
ce matin l’aube
pareille un flux de sang
la Loire était rouge
26 janvier
j’ai dit ma femme
qui veut aller sur Facebook :
gaffe aux pédophiles
27 janvier
Pluie, neige et verglas
je n’ai plus qu’un seul désir
l’hémisph re austral
dédié Car ne Wood
 
 
 
28 janvier
chaque fois j’y pense
quand un gaz sort de mon corps
la loi de Mariotte
29 janvier
le petit ruisseau
qui passe sous ma fen tre
l’hiver, un torrent
30 janvier
l’embrayage est mort
la direction est faiblarde
et moi, j’ai la fi vre
31 janvier
v’l déj un mois
que j’écris des ha kus
le tout de mon cru

mercredi 23 janvier 2013

lettre à Alix de Saint-André

je fais partie de la secte des lecteurs fous d’Alix de Saint-André, l’appétit sans cesse insatisfait et la voracité inquiétante. Bref, j’aime vos livres, et qui plus est, je vous aime, car j’ai eu le bonheur voici quelques années de participer vos côtés "la for t des livres" organisée par l’inimitable Gonzague Saint-Bris (encore un saint, mais est-ce bien un vrai?) Et, m me si mon rôle se limitait ce jour-l encaisser le produit de vos ouvrages, j’ai passé grâce vous un apr s-midi charmant, un de ceux qu’on oublie difficilement.
J’ai fait votre connaissance, littérairement s’entend, par l’Ange et le Réservoir de Liquide Frein. Sur le titre, je l’ai acheté, en soupçonnant que vous deviez tre l’arri re-petite-fille plus ou moins par la main gauche d’André Breton, humour en plus. Savez-vous que des passages de ce livre figurent dans une anthologie des po tes de la Loire, non loin de quelques pages de mon arri re-grand-p re René Bazin?
Depuis, je crois n’avoir raté aucun de vos livres leur parution et m’en suis délecté. Amoureuse d’André Malraux, un amour inavoué de son vivant et donc ni partagé, ni abouti, vous lui avez consacré deux livres, le premier sous forme de roman, le deuxi me visage découvert.
Et voici qu’il y a quelques jours, votre consoeur Mme de Lamberterie a présenté Télématin en des termes élogieux "Garde tes Larmes pour plus tard". Confraternité des journalistes particule? Bref, je me suis précipité chez ma libraire adorée pour l’acheter. Je dois vous confesser avoir depuis longtemps nourri l’encontre de Mme Giroud une solide aversion, doublée d’un jugement un rien méprisant pour cette prétendue "grande dame". Cela a commencé en lisant un recueil d’états d’âme qu’elle a publié, je ne me rappelle plus sous quel titre, dans lequel elle disait que ce qui m ne les hommes (au sens mâles) était le petit bout de chair qui pend entre leurs jambes. J’ai trouvé la formule d’une vulgarité si forte que je m’en souviens, quelque vingt ans plus tard. Ce n’est pas seulement mon orgueil masculin qui a réagi. Je m’insurge de m me contre les imbéciles qui réduisent les femmes leurs faiblesses physiologiques. Je fuis la compagnie des cons, ce qui n’est pas aisé, celle des beaufs et cela m’occupe. Donc, je me suis dit : peut- tre le dégo t que m’inspirait Mme Giroud repose-t-elle sur un malentendu. Il m’est arrivé l’enterrement d’un copain que je n’appréciais gu re d’éprouver des remords de n’avoir pas su discerner en lui une gentillesse, un humour, une finesse, pour n’avoir vu que l’apparence peu avenante d’un rustre. Donc, j’ach te, je me plonge dans la lecture et m’y perds. Car votre biographie, qui n’en est pas une, pardon, fourmille de fausses pistes, de contradictions, de pirouettes. Impossible de se faire une idée de ce que vous pensez vraiment de la personne, tant vous embrouillez la vision. J’ai du mal, m me apr s vous avoir lue, admirer une femme qui écrivait des lettres anonymes, qui a laissé passer une information mensong re sur une affiche électorale au bas de laquelle était inscrit "vu, le candidat", une people de la plus belle esp ce, fascinée par les paillettes. Elle aurait voté sans regret pour Sarkozy, elle!
 
 
Pourtant, permettez-moi de vous dire que j’ai aimé ce livre, parce que c’est une fois de plus le reflet de votre personnalité. Vous aimiez Mme Giroud, et mes yeux, il fallait une bonne dose de mérite, d’autant plus que vous ne vous voiliez pas la face. Vous l’avez aimée malgré ses défauts énormes, parce qu’elle avait aussi, je pense d’immenses qualités d’intelligence et de coeur. Si j’ai du mal, ne l’ayant pas rencontrée, imaginer qu’on puisse faire passer au second plan des traits de caract re aussi déplaisants que les siens, je veux bien admettre que d’autres soient capables de porter sur elle un regard empreint de sympathie et d’amour. Dans le m me ordre d’idées, j’ai une admiration totale pour Robert Badinter et ai du mal comprendre qu’il ait nourri des amitié aussi sulfureuses que celle de Mitterrand. Eh! Bien, c’est ainsi : je dois accepter ne pas pouvoir comprendre tout, et surtout les sentiments.
Le fait que je n’ai gu re aimé "garde tes larmes pour plus tard" n’a au fond pas vraiment d’importance. Vous vous en remettrez, et moi également. Et si cela peut aider votre rétablissement, je vous promet m me d’acheter le prochain.
Avec mes sentiments respectueux et chaleureux

jeudi 17 janvier 2013

Esperluète et Arobase

- Je m’ennuie, dit Esperluète.
- Moi aussi, répondit Arobase.
Ce qui ne les conduisait pas bien loin. Le serveur grognon qui leur avait apporté leurs consommations, deux petits noirs qui duraient presque toute la matinée au grand désespoir du patron. Ce dernier, s’il râlait dans un coin, n’intervenait pas : les clients se faisaient rares au coeur de la matinée et, tous comptes faits, mieux valait avoir quelqu’un assis à une table dans la grande salle.
Esperluète se leva soudain. Arobase l’entendit proposer d’une voix mal assurée:
- On va aller à l’Institut!
Dans le quartier, tout le monde connaissait l’Institut, un grand magasin d’ameublement qui faisait partie d’une chaîne internationale. Son nom complet était "Institut Kalachnikov pour l’Espace et l’Ameublement". Kalachnikov, apparemment, c’était le nom du fondateur. Les jeunes allaient y acheter leur salon et leur cuisine quand ils s’installaient mais si on continuait à s’y approvisionner passé quarante ans, ce n’était pas un signe de réussite financière.
- Qu’esse-tu veux faire là-bas, répondit Arobase?
- T’inquiète. On va bien rigoler.
Et bras dessus, bras dessous, les voilà qui quittent le café. Un quart d’heure de bus, et la porte du magasin les accueille. Les implantations de l’Institut - il y en a plus de trois cents dans soixante-treize pays - respectent toutes le même plan. Le client monte à l’étage, suit un cheminement sinueux qui lui permet de s’attarder devant chaque rayon avant de s’attaquer au rez-de-chaussée où un parcours du combattant l’attend, identique au premier.
Une fois sur place, Arobase et Esperluète progressèrent de quelques dizaines de mètres. A cette heure, les allées faisaient penser une piste du Dakar : pas un chat. A l’étage, se trouvaient les gros meubles. Pour rendre leur présentation plus attrayante, les dirigeants du groupe les avaient placés en situation. On pouvait ainsi visiter des sortes de petits appartements, dont certains comportaient une entrée minuscule, une salle de douche, une kitchenette et une chambre à coucher.
Esperluète prit Arobase par la main et l’attira dans un de ces chambres d’exposition. Les décorateurs de l’Institut avaient poussé le souci de réalisme jusqu’à y installer des téléviseurs factices et des reliures de livres derrière les vitres de la bibliothèque.
- Viens là , dit Esperluète.
Et sur le lit, les voilà qui se livrent une activité que l’église réprouve. Les risques de se faire débusquer par un vendeur décuplaient leur plaisir. Après leur passage, le dessus de lit, froissé, témoignait de leurs ébats. Les deux coupables s’esquivèrent en prenant garde de se faire remarquer, se félicitant d’avoir pu mener leur entreprise à bonne fin.
De nouveau le bus, de nouveau la salle du bar;
- Tu sais comment il s’appelle, ce bouiboui? Demanda Arobase.
- Ben, non.
- C’est marrant, comme nom : Bécherelle et Grévisse.

Armel Bazin, Reugny le 17 janvier 2013

jeudi 10 janvier 2013

En rythme

Un soir, j’étais dans un train. Des yeux étaient en bas, sur le quai… 
Le
Train
S’en
Va
vers
La
ville

Au loin,
La gare.
C’est là
Que j’ai
Inter-
Cepté
Son beau
Regard

Tout à coup,
Dans le bruit
Les roues tournent :
On démarre.
Pas trop tôt !
J’ai rangé
Ma valise.

Une migraine
Me taraudait ;
J’ai essayé
De m’endormir,
Mais rien faire
Ces deux yeux pers
Me poursuivaient.

La locomotive
Rouillée et poussive
Tirait ses wagons.
Assis sur mon siège,
Je passais le temps
A voir, au dehors
Folâtrer les vaches.

J’avais quitté Lucie
Sans lui dire : au revoir
Avais-je des remords ?
Je n’en suis pas très sûr.
Au contraire, dirais-je
Je me sentais léger,
Soulagé d’un grand poids.

La pluie est tombée soudain,
J’ai eu envie de pleurer
Pas sur elle, mais sur moi
Qu’allais-je manger ce soir ?
Qui recoudrait mes boutons ?
J’étais plein de vague l’âme
Quand je m’aperçus alors

Qu’ à côté de moi, une femme
D’âge pas encor canonique
Me jetait la dérobée
Des regards remplis de promesses.
Vous habitez chez vos parents
J’ai demandé la gonzesse :
Elle a alors baissé les yeux

Et m’a répondu d’un ton charmant :
Oui, monsieur et de ce pas je vais
Paris, pour aider des cousins
élever leur progéniture.
C’est qu’ils en ont six, vous comprenez ?
D’elle, bien sûr, j’aurais tout compris
Elle avait un sourire angélique.

J’avais déjà bien oublié Lucie,
Ses regards de braise, et ses oeufs au lait.
Je sentais monter, tout comme au printemps
Une sève ardente et mon coeur plus jeune
Battait la chamade. Ah ! J’étais heureux
Comme on ne l’est plus passé quarante ans.
Plus rien n’existait que cette voisine.

Je lui ai demandé : comment on vous nomme ?
Elle m’a répondu : mon nom, c’est Angèle.
Elle semblait bien venir du paradis
J’ai murmuré plusieurs fois son oreille
Son prénom, doux comme un gage de bonheur
Ma main soudain a pris son indépendance
Et a batifolé sans que je le veuille

Dans l’épaisse chaleur qui régnait sous sa jupe.
Le train roulait toujours mais je n’en avais cure
J’attendais de sa part un peu plus de réserve
Car sa main son tour a passé sur mes jambes
Sans doute elle voulait vérifier quelque chose.
Il se trouvait, assis sur le si ge d’en face
Un curé dont le teint s’est fait toujours plus rouge.
 
Il aurait mieux fait de lire son bréviaire
Plutôt que de nous mater, comme un pervers.
Vous avez un endroit où vivre à Paris ?
Ais-je demandé, plein d’esprit d’à-propos.
Non, chez mes cousins, il n’y a pas de place.
Alors, venez chez moi, je vous y invite.
Elle n’a pas hésité un seul instant
J’ai voulu croire aussitôt que mon charme

Avait encore opéré. J’ai souri
Et j’ai remercié ma bonne étoile
D’avoir sans tarder pansé mes blessures.
Ma deuxi me main a cherché son sein
Sous son chemisier d’écolière sage ;
Elle a reculé. Était-ce pudeur ?
Elle s’est levée alors d’un bond

Et elle a rectifié sa tenue.
Elle a murmuré : pas maintenant.
Les femmes sont des êtres bizarres,
Je le sais depuis ma tendre enfance.
Malgré tout, je n’ai pas réagi :
J’attendais mon heure, en fin stratège
Elle a posé sur moi un regard

Pareil à celui que j’ai vu
Ce matin dans une boutique :
Le boucher lorgnait un morceau
De bifteck en se demandant
Combien il pourrait en tirer.
J’étais le bifteck à présent.
Dans ses yeux, où je croyais

Il n’y a pas longtemps
Voir briller un désir fou,
Je remarquais maintenant
Seulement l’appât du gain.
Pourtant, je l’aurais aimée,
Pour moi, elle aurait appris

A faire la cuisine,
Le repassage aussi
Ah! J’avais des regrets.
La courbe de ses hanches
Que mes mains dessinaient
Il n’y a pas longtemps
J’y penserai toujours.
 
Le train ralentit :
Avant le virage
A mes yeux, des larmes
Montaient peu peu.
Le curé, là-bas,
Ne regardait plus
Y avait rien voir!

J’ai pris un livre
Et l’ai ouvert.
J’ai fait semblant
De bien l’aimer.
J’ai repensé
A ma Lucie

son regard
Il se peut
J’me suis dit
Que demain
Ou après
Je revienne
La trouver.
Elle m’attend.

On va
Moins vite,
J’entends
Les roues
Qui frottent
Les rails
En douce.

C’est
Ça :
Le
Train
Va
être
Là.