jeudi 18 décembre 2014

Une première réussie

Pour une drôle de porte, c’était une drôle de porte !

De prime abord, je n’imaginais pas son existence ; je séjournais depuis pas mal de temps dans mon nid douillet. Je n’avais nul besoin du monde extérieur. Existait-il seulement ? Ne discernant aucune issue, trouvant dans ma prison tout ce dont j’avais besoin pour subsister, quelle idée saugrenue m’aurait donc traversé l’esprit de m’intéresser à autre chose ?

Mon logement était chauffé, aussi, et j’entendais des voix, un peu à la manière des illuminés. D’où venaient-elles ? Impossible de le dire. J’aurais bien dû me douter  qu’existait, au-delà de mon univers à vrai dire restreint des lieux, des personnes. Je ne m’en souciais pas. Le bonheur tiède et chaud dont je jouissais alors me comblait pleinement. Les voix, les chants, la musique qui me parvenaient à travers les cloisons appartenaient à cet univers de rêve.

En réalité – mais je ne l’ai appris que bien plus tard -  je vivais dans une poche remplie d’un liquide d’une température agréable, sans respirer un peu comme un têtard. J’étais nourri sans avoir à le demander, et même si cela semble farfelu ou incroyable à mes lecteurs, par le nombril. Celui qui m’a fabriqué s’est sans doute inspiré des avions avitailleurs. Je sentais bien quand tout bougeait, les murs, le sol, le plafond, et je devais parfois me contorsionner pour m’adapter à une nouvelle configuration. Régulièrement, c’était le silence et l’immobilité et j’en profitais pour m’assoupir et me reposer de la fatigue qu’engendrait ma croissance.

Parce que je grandissais. J’aurais dû anticiper l’ouverture de cette fichue porte. Même si, à vrai dire, j’étais un peu à l’étroit dans cette chambre close, je m’y  trouvais si bien que je ne cherchais à m’en échapper. Un jour, sans l’avoir cherché, je le jure, je me suis retrouvé tête en bas. C’était curieux, mais pas déplaisant. J’avais aussi changé de place et sentais derrière la paroi, autour de mes tempes, un objet dur. Alors, tout s’est précipité. La cloison qui me protégeait s’est déchirée ; pour la première fois, j’ai aperçu la porte, ma première porte. Au début, ce n’était qu’une toute petite ouverture circulaire par laquelle j’apercevais une vive lumière. Passer par là ? Vous n’y pensez pas. La voix qui m’accompagnait depuis plusieurs mois poussait à présent des cris plutôt inquiétants. Une autre voix, plus calme, disait tout le temps : « Poussez, poussez, respirez ! » sans que je sache si ces conseils m’étaient adressés. Pousser, oui, mais quoi ? Et puis, respirer, moi, je voulais bien, mais même si le liquide dans lequel je baignais naguère s’était répandu à, l’extérieur, l’air ne me parvenait pas encore assez. Alors, pour la première fois, j’ai eu envie de sortir. L’instinct de survie, disent les spécialistes. M’arcboutant, j’ai poussé, en effet, la tête pour agrandir la porte et elle a bientôt atteint la taille d’un hublot.

J’étais peiné de causer tant de souffrances à ma porte, ce que je comprenais aux hurlements qu’elle émettait. Je me disais qu’elle était faite pour laisser entrer et sortir des objets de bien moindre diamètre. Il fallait pourtant que j’y passe.  D’une brusque détente, ma tête a franchi le seuil. Le reste a suivi sans difficulté et, au contact de l’air, j’ai à mon tour poussé un vagissement tonitruant. Cette lumière, ce froid, l’air qui brûle les poumons, tout me faisait regretter le confort antérieur.

Après avoir éjecté ce qui avait naguère constitué ma demeure, la porte s’est refermée, m’interdisant tout retour au paradis. Ah ! Les salauds ! Si c’est comme ça, je vais leur en faire baver !

mère


samedi 18 octobre 2014

Pascal

La manif pour tous – un nom bien trouvé, je le reconnais - provoque chez moi une répulsion irraisonnée. Les slogans, la bonne conscience, jusqu’à l’habillement de ses tenants me hérisse. Pourtant, je suis de culture bourgeoise, bien pensante, de race blanche, français de souche, j’ai toutes les caractéristiques des conservateurs bon teint. Et si je me dis que ces derniers oublient trop souvent de réfléchir, se fiant à leur réaction instinctive sans jamais remettre en cause leurs valeurs, je sais aussi combien les enseignements reçus dès le plus jeune âge façonnent de manière indélébile ce que nous croyons et ce que nous sommes. D’où vient donc que je ne ressens pas les événements de l’actualité comme mes pairs ? Sur ce point en particulier, je m’étonne de ma réaction si viscérale alors qu’en approfondissant ma position, je ne suis pas très loin de partager l’hostilité des jeunes braillards au mariage homosexuel, qui est, qu’on le veuille ou non, l’acceptation d’une nouvelle forme de vie en commun, et par là un bouleversement de la structure de la société. Il me dérange, et si je suis disposé à admettre que me déranger n’est pas une raison suffisante pour empêcher cette évolution, je n’en demeure pas moins troublé. Sur le fond, donc, je comprends et partage les réticences des manifestants. Pour autant, je n’irai pas défiler avec eux et leurs hurlements me révulsent, comme le font d’ailleurs les gay pride. Le sujet me semble mériter mieux que cela.

J’en suis arrivé à me remettre en question : comment j’ai les opinions que j’affiche aujourd’hui ? La plupart des hommes et des femmes de mon âge et de ma condition se retrouvent dans un attachement  extrême au passé, à ses valeurs mais aussi à l’organisation qu’ils ont connue et appréciée ‘du moins en gardent-ils un souvenir parfois embelli). Je ne partage pas cette vision nostalgique de notre situation. Par exemple, la famille, pour les miens, doit rester ce qu’ils en ont connu. Mais je trouve que le divorce était un bouleversement plus grand que le mariage homosexuel, et il est aujourd’hui, volens nolens, accepté part tous. Je comprendrais que ces conservateurs nous proposent l’abolition de cette mesure qui a détruit la famille sacrée. Mais ça, c’est une autre histoire. Je me flatte, devant les sujets qui se présentent, de me faire une idée par moi-même, mais je sais que je suis sensible à des influences. Comment donc me suis-je soustrait à celle de mon milieu ?

Il y a sans doute des raisons à cela qui viennent de mon caractère. Comme on dit en Analyse transactionnelle, l’enfant rebelle occupe une bonne part de ma personnalité. Je me suis construit en partie en opposition à l’enseignement que j’ai reçu. Sans doute parce que cet enseignement ne me convenait pas ou simplement parce qu’il m’a été donné d’une manière maladroite. Je me rappelle, il y a longtemps, avoir été révolté en entendant ma mère mentir, pour des vétilles ou pour des choses plus graves. Elle tenait des discours dont elle se persuadait et je voyais que c’était faux. Beaucoup d’enfants n’y auraient pas prêté attention, et mes sœurs ne semblent pas avoir souffert de la fâcheuse habitude qu’avait notre mère à réécrire la réalité pour la faire s’accorder avec ses croyances. Il se peut que j’ai tort de penser qu’elle a amené une mise en doute de tous ses propos. D’autres causes y ont contribué.

Enfant, j’avais tendance à partager les croyances de mes parents et de mes maîtres, non sans constater qu’elles ne s’accordaient pas toujours entre elles. J’ai pourtant vite été troublé lorsque je me suis rendu compte que des millions d’êtres humains ne les partageaient pas. L’existence d’autres religions de par le monde m’a amené à me demander pour quelle raison ma foi serait plus valable que celle d’un musulman, un juif, un hindouiste, un communiste ou un adorateur de Zeus. D’ailleurs le fait que les religions meurent m’a aussi fait réfléchir. Présenter le catalogue de nos références comme un absolu m’a vite semblé abusif. J’ai été encouragé dans cette voie par la lecture des Pensées de Pascal : vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. Le plus curieux est que Pascal lui-même nourrissait un sentiment religieux très fort. Lorsque j’ai découvert de grand esprit, j’ai eu la révélation qu’il annonçait les philosophes du XVIII° siècle. Mon professeur de français, à qui je m’en ouvrais, trouvait au contraire que Voltaire et Diderot s’étaient posés comme des adversaires de Pascal. Il n’empêche : je persiste à dire qu’il a mis le doigt sur la relativité spatiale et temporelle des idéologies.

J’ai toujours affirmé que ma liberté de penser, fût-ce en dissidence d’avec mon entourage, venait de moi et de moi seul. Un peu orgueilleux, me semble-t-il. J’aime à me croire plus libre que celles et ceux qui ne remettent pas en cause leur héritage.  Les conservateurs souffrent à mes yeux de courte vue : le monde change, qu’on le veuille ou non, et vouloir le figer à tout jamais relève de l’utopie. A tout prendre, je comprends mieux les rétrogrades, ceux qui souhaitent un retour à un passé, qu’ils idéalisent le plus souvent. Certes, il ne convient pas pour autant d’applaudir à toutes les idées nouvelles. Le difficile tient à cela. Par exemple, les progrès de la médecine rendent possibles des modes de reproduction naguère impossibles à imaginer. Cela, nous ne pouvons le nier. Est-ce un bien ? Je ne suis pas sûr que cette question ait un sens. Est-ce un bien que le léopard dévore la gazelle, que le volcan ait anéanti Pompéi, par exemple ? La nature de l’homme fait qu’il a conscience de ses actes, et de ce fait a besoin de juger de leur vertu. Je ne suis pas certain que cela ait un sens.

Les humains ont érigé des lois dont la seule justification est d’organiser la vie commune le moins mal possible. Les règles qui président à notre vie publique ont bien changé au fil des siècles. Le paterfamilias avait droit de vie et de mort sur sa maisonnée, ce qui nous paraît barbare. Il n’empêche que la société a fonctionné sur ces bases pendant des millénaires. Notre conception de la morale ne date guère. Au nom de quoi voudrait-on immortaliser les principes actuels ?

Et puis, simplement, j’aime bien me dire que je suis plus réfléchi que la majorité de mes contemporains. Ca me fait du bien à l’égo.

jeudi 11 septembre 2014

Lettre ouverte à madame Brigitte Bardot


Madame,
D’aussi loin qu’il m’en souvienne, je n’ai éprouvé pour vous d’attirance. Votre succès planétaire m’a toujours surpris, et devant l’enthousiasme de la plupart des hommes à votre égard, force m’est de constater que c’est moi qui n’ai pas bon goût. Des personnes qui vous ont approchée donnent de vous un portrait très attachant et j’admire votre pugnacité. La liberté de vos mœurs, naguère et peut-être encore aujourd’hui, recueille toute mon indulgence : une femme qui donne aussi généreusement du plaisir à tant d’hommes ne peut être mauvaise.
Vous faites à nouveau parler de vous par une lettre ouverte à nos dirigeants et je trouve votre argument final assez culotté : vous êtes assez sûre de vous pour supposer qu’ils seraient sensibles au fait que vous risquez de rater votre vie. Sans doute s’en soucient-ils peu, mais l’argument a toutes chances de porter auprès du public – la sacro-sainte opinion – et vous jouez sur cette corde avec beaucoup d’intelligence en publiant votre manifeste larga manu.
J’imagine que si j’écrivais au Président et au Premier Ministre une lettre selon laquelle j’aurais raté ma vie si on ne prend pas des mesures pour accueillir les plus démunis, nul ne prêterait attention à mes propos.
Sur le fond de votre démarche, je crois que dans quelques générations, l’homme cessera de tuer des animaux pour se nourrir et que, sur ce point, vous êtes en avance sur les mentalités, que vous contribuez à faire évoluer. Bravo donc pour votre persévérance et pour utiliser votre notoriété pour faire triompher vos vues.
Je vous embrasse.

Armel Bazin

jeudi 28 août 2014

les trois roms


Monsieur Souitch, Pavlov de son nom de baptême, habitait une caravane. Non pas, comme beaucoup, pour passer des vacances et retrouver des amis au camping, jouer aux boules et rester des heures à la plage à faire des châteaux de sable. Non, lui, il vivait dans une maison à roulettes tout le temps. Il faut dire qu’elle était très grande, sa caravane. Lui, il l’appelait ma roulotte. Maria, sa femme, et Igor, leur fils, y dormaient aussi. En plus de leurs lits, des couchettes en fait, ils avaient trouvé le moyen d’y installer une table qu’ils repliaient et n’installaient au milieu de la place qu’à l’heure des repas. Chaque chose avait sa place, les vêtements, aussitôt lavés et séchés sur le fil que tendait Maria quand il faisait du soleil, elle les rangeait dans les quelques tiroirs qui permettaient, sous les lits, d’avoir tout le nécessaire. C’était pareil pour la vaisselle, les casseroles et les fruits ou légumes dont ils se nourrissaient. Ils travaillaient beaucoup, tous les trois. Pavlov, qui parlait d’une grosse voix et dont la silhouette faisait fuir les amis d’Igor, partait le premier, le matin, sans donner aucune explication. Son fils essayait de deviner en quoi consistait son travail. Un jour, il l’avait aperçu qui transportait un vieux frigo sur un diable. Sans doute, il aide des gens à déménager, s’était dit l’enfant qui n’avait pas osé se signaler de peur de se faire gronder. Il avait l’œil vif, remarquait tout ce qui se passait autour de lui et s’amusait s’il voyait un chien qui tirait sur sa laisse et déséquilibrait un passant. Ses parents l’avaient installé en face des Galeries Lafayette, avec un béret posé sur le sol et, vêtu de nippes, il était chargé d’apitoyer les bonnes gens qui sortaient du distributeur de billets voisin.

Si Igor n’avait pas de certitudes sur l’activité de son père, il savait bien en revanche comment sa mère  occupait ses journées. Elle prenait une demi-douzaine de paniers et se rendait sur les parcs de stationnement pour les vendre aux belles dames qui venaient en ville faire leurs courses. « Cinq euros seulement », proposait-elle, et ce prix attractif en faisait s’arrêter plus d’une. Alors, ça ne ratait jamais,  commençait une comédie incroyable. Au moment de payer, Maria s’écriait « Mais ce n’est pas cinq euros, c’est cinquante ! » La cliente, qui avait déjà agrippé l’anse, se voyait retenue par la manche et réclamer un complément de prix exorbitant. Suivait une discussion souvent vive ; l’acheteuse se défendait « Mais si, madame, vous avez bien dit cinq euros » et Maria, avec son plus beau sourire, assurait à la malheureuse qu’elle avait mal entendu. « Parce que c’est vous, vous m’avez l’air bien gentille, je vous le fait à vingt-cinq ». Parfois, la cliente menaçait d’appeler un agent de police. Il arrivait aussi qu’une autre se dégage et s’enfuie. Pourtant, à force de discussions interminables, elle en vendait plusieurs chaque jour. Il lui arrivait de baisser ses prétentions et, avec des femmes plus habiles négociatrices, de leur laisser le panier pour vingt euros. Elle avait le don de les faire pleurer sur son sort, elle s’inventait une descendance aussi nombreuse qu’affamée, un mari mort de faim, l’obligation de dormir dans la rue avec toute sa nichée. Elle avait mis au point un discours qu’elle racontait d’un ton larmoyant. La plupart du temps, ses victimes n’osaient pas l’interrompre et, qu’elles le veuillent ou pas, se laissaient embobiner.

Igor n’avait pas besoin d’inventer des salades pour que les petits ou les grands s’écrient « Oh ! Le pauvre gosse ! », surtout l’hiver. Il avait appris à jouer de l’harmonica et faisait entendre le Temps des cerises, que suivait le lac du Connemara. Une fois terminé son court récital, il posait son instrument, regardait tristement son béret que peu de pièces garnissaient, serrait son écharpe miteuse autour de son cou et attendait quelques minutes avant de reprendre les deux seuls airs qu’il savait jouer. Il lui arrivait d’aller à l’école, mais ses camarades se montraient cruels avec lui et ne cessaient de lui chiper son cartable qu’ils se passaient de main en main pour l’empêcher de le reprendre en chantant : « Ah ! Le petit souitch, le petit souitch, le petit souitch ! On va l’écraser, on va le sucrer, on va le manger ! » et ce programme terrorisait le malheureux Igor. Il aimait bien mieux s’asseoir sur un coin de trottoir et jouer de l’harmonica, d’autant qu’il parvenait toujours à dissimuler à son père quelque pièce malgré la fouille rigoureuse à laquelle ce dernier le soumettait chaque soir. Il cachait ensuite ses sous dans la boîte de farine, sur l’étagère de la cuisine, certain que son père n’aurait pas l’idée de chercher hors de son coin Quant à sa mère, il trouverait bien un moyen de calmer ses ardeurs le cas échéant. Au pire, il partagerait son butin avec elle.

Marie-Lou venait de fêter ses huit ans ; elle s’en souviendrait longtemps, de cet anniversaire ! Ses parents lui avaient offert le bloudgine violet dont elle rêvait depuis des mois. Elle le regardait en ouvrant de grands yeux chaque fois qu’elle passait devant la vitrine du magasin et pensait « quarante-cinq euros, jamais Maman ne voudra l’acheter ». Elle n’en avait parlé qu’à Mimi, son amie pour la vie, comme elle lui avait aussi confié qu’elle aimait bien Sancho, le costaud de la classe. Maintenant qu’elle avait compris que Mimi avait raconté à Maman pour le bloudgine, elle espérait qu’elle avait gardé le secret pour le reste. N’empêche ! Elle avait fière allure : les cheveux attachés en queue de cheval, une vraie crinière d’un blond très clair, le visage expressif, un tricot Abercrombie et le fameux jean. Ajoutez à cela des chaussures vernies ornées d’une boucle toute faite d’or. Elle marchait la tête bien levée, regardait dans les yeux ceux qu’elle croisait d’un air bravache, sans un sourire, se déhanchant à la John Wayne. Le monde lui appartenait, l’avenir s’ouvrait à elle.  Elle gambadait d’un pas léger, pas trop pressée d’arriver à l’école.

Elle aperçut, dans une rue qu’elle traversait, une caravane stationnée. Elle s’apprêtait à passer son chemin lorsqu’elle remarqua que la porte mal fermée s’ouvrait et battait au gré du vent. Elle revint sur ses pas et s’approcha ; dans un premier temps, elle voulut juste bien la refermer, par souci d’ordre. Elle ne parvint cependant pas à surmonter une immense curiosité, un trait de caractère auquel elle ne savait pas souvent résister. Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite, et hop ! Elle escalada les marches et se faufila dans la maison des roms. Elle prit soin de bien refermer derrière elle : inutile d’attirer l’attention. L’intérieur lui parut très vaste. Madame Rom avait, avant de partir, préparé le repas et Marie-Lou découvrit sur la table trois assiettes. Dans la plus grande, qu’elle supposa prévue pour le père,  des harengs pommes à l’huile qu’elle goûta mais n’apprécia guère. Elle passa à la suivante dans laquelle elle trouva un sandwich de foie de morue. Elle en porta un morceau à ses lèvres et manqua vomir. La troisième assiette, plus petite, contenait deux tranches de pain de mie et entre elles, une couche généreuse de nutella. Elle s’en délecta et pour mieux en profiter, entreprit de s’asseoir. Les tabourets des adultes lui semblèrent inconfortables, trop grands et trop durs. Elle se trouva mieux dans une petite chaise, garnie d’un coussin moelleux. Elle se trouvait si bien qu’elle en oublia l’heure. « J’ai bien cinq minutes pour faire la sieste », pensa-t-elle avant de s’allonger sur la première couchette. Qu’elle était dure ! Elle n’y resta pas et essaya le deuxième. Elle ne la trouva pas très propre et monta alors sur la troisième, plus petite. Un ours en peluche l’y accueillit, ce qu’elle trouva de bon augure.  Elle s’allongea, remonta les couvertures jusqu’à cacher ses yeux et s’endormit.

Par malchance, la famille Souitch dût  ce jour-là interrompre prématurément ses activités ; la maréchaussée avait ouvert la chasse aux roms. Les pandores commencèrent par demander à Pavlov pourquoi il avait pénétré dans l’entrepôt d’un marchand de ferrailles. Il prétendit avoir ressenti un besoin aussi naturel qu’irrépressible et avait cherché un coin propice pour l’exprimer sans offenser la pudeur. Faute de preuve, on finit par le relâcher après un interrogatoire musclé. Par une fâcheuse coïncidence, le même matin, ils surprirent son épouse en train de délester une ménagère de son porte-monnaie sur le parking de Carrefour. Elle tenta de les convaincre qu’elle cherchait à le lui rendre. En vain. Ils l’emmenèrent à la gendarmerie où elle retrouva sa fille ramassée par des collègues pour vagabondage. « Vous feriez mieux de surveiller les autoroutes, il y a de vrais assassins, là-bas ! » leur suggéra-t-elle. Le père, qui avait vu son épouse arriver, bien encadrée, les rejoignit. Ils purent ensuite s’échapper, moyennant semonces d’un côté, promesses de l’autre. Ils décidèrent de rentrer chez eux.

Quelle ne fut pas leur surprise, passé le seuil, de trouver des fourchettes dans leurs assiettes et celle du garçon vide. Les sièges aussi avaient été dérangés.

-          Que s’est-il passé ? Tonna Pavlov

-          Ah ! On ne peut plus avoir confiance en personne ! Gémit la mère.

Le petit pleurait en silence. Soudain, il s’écria :

-          Il y a quelqu’un dans mon lit ! Car il venait de remarquer la chevelure abondante et dorée qui dépassait de la couverture..

Ceci réveilla Marie-Lou qui se frotta les yeux, s’assit et crânement leur fit face..

-          Ben, la porte battait. Je suis entrée  la fermer et je n’ai pas pu résister au nutella. Merci beaucoup. Il est temps que je rentre, à présent.

Elle descendit de sa couchette. On aurait dit une plume portée par le vent. Le père Souitch, un grand gaillard d’un mètre quatre-vingt-cinq se posta devant elle et lui interdit la fuite.

-          C’est un peu facile, gronda-t-il. Maintenant, il te faut payer tout ce que tu nous a volé et plus encore pour le pretium doloris. Il avait appris ce joli mot en passant au tribunal quelques semaines auparavant. Marie-Lou se dit qu’un sandwich au nutella devait être dans ses moyens, mais Igor renchérit :

-          Tu as couché dans mon lit. Maintenant, tu fais partie de la famille. Il était tombé amoureux de Marie-Lou. Celle-ci le jaugea du regard et lui lança :

-          Dis-donc, mal lavé, on n’a pas gardé les cochons ensemble !

Mais, rien n’y fit. Les trois roms l’empêchaient de s’en aller. Il y eut des palabres ; au bout d’une demi-heure, il fut décidé unilatéralement que Marie-Lou leur servirait de bonne à tout faire pendant une semaine. Igor resterait garder la prisonnière pendant que les parents vaqueraient à leurs coupables mais lucratives occupations.

-          Mais Maman va s’inquiéter, objecta la fillette.

-          T’en fais pas pour ça, on s’en occupe, proféra Pavlov d’un ton sans réplique.

L’après-midi même, Marie-Lou parvint à entortiller Igor et le persuada de lui faire confiance. Perfidie féminine : elle profita de trois minutes au cours desquelles il était allé lui acheter des roudoudous pour s’esquiver et rentrer à la maison, toute émue de l’aventure dont elle ne souffla mot

Pour se consoler, la mère Souitch recueillit un chat de gouttière.

jeudi 21 août 2014

au revoir, Isabelle

Isabelle, ma chère sœur,
Trois mots me viennent à l’esprit lorsque je pense à celle que tu étais :
La foi, d’abord. Tu as été fidèle à la religion de nos parents et tous, ici, peuvent en témoigner ;
Ensuite, un optimisme à toute épreuve, que j’ai encore constaté lors de notre conversation la veille de ta mort : tu me disais déplorer que les personnes de notre génération se pourrissent l’existence à regretter le passé ;
Enfin, cette foi en l’avenir te valait d’écouter, de comprendre et d’aimer ceux qui t’entouraient. Tu as aimé Olivier, tes enfants, et, encore au cours de notre dernier dîner, tu m’as entretenu du lien si fort que tu avais noué avec tes petits-enfants. J’évoquerai entre autres le séjour que Cyril est venu faire chez toi récemment. Quelle chance il a eue !
La foi, l’espérance, la charité : les vertus théologales te décrivent bien.
Au revoir, Isabelle.

jeudi 26 juin 2014

Art

Les peintres, sculpteurs, musiciens, les chanteurs et les poètes tutoient le ciel. Je les regarde et les envie.
9 juin 2014

Retard

Lorsqu’une jeune femme dit : j’ai quinze jours de retard, c’est qu’elle attend un enfant. Si c’est moi, c’est seulement que j’ai plus rêvé que d’habitude.
8 juin 2014

Musique

Si j’aime un musicien, je serai plus attentif à ce qu’il joue.
7 juin 2014

lundi 23 juin 2014

Odeurs

Mes mains gardent celle des mauvaises herbes que je viens d’arracher. Plus tard, je porte la main à mes narines, un petit bonheur.
6 juin 2014

Malin, non ?

Il faut dire à ceux qui ne procrastinent pas qu’ils ne sont pas sûrs d’avoir quelque chose à faire demain.
5 juin 2014

jeudi 19 juin 2014

Boulimie

En avançant dans la vie, j’ai la sensation de ne pas pouvoir accomplir tous mes rêves, alors j’en fais de plus en plus. J’achète des livres que je ne lis même plus, je prends deux rendez-vous à la même heure, je vis dans la crainte permanente de manquer quelque chose. Zen, Armel, zen !
4 juin 2014

mardi 17 juin 2014

Alexandre

au début de l'ère chrétienne, Alexandre Bouton inventa un petit objet rond en bakélite. Il eut la préscience de son utilité future et le rangea dans un tiroir en disant : ça peut toujours servir. C'est sa petite-fille qui inventa la boutonnière. Une heureuse conclusion
3 juin 2014

lundi 16 juin 2014

au secours!

le génie s'empare de moi, à moins que ce ne soit la folie. Je me suis éveillé cette nuit vers quatre heures, encore dans mon rêve. Et ô stupeur je rêvais en lipogramme. J'avais éliminé toutes les lettres "A" de mes propos et pensées. C'est une sensation bizarre qui me prend à l'idée que je suis différent.
2 juin 2014

jeudi 12 juin 2014

Sexe

Les temps changent : naguère, on fermait les yeux sur l’inceste et les viols en famille, mais on fustigeait la sodomie. Cela me semble un progrès d'inverser la vapeur.
31 mai 2014

Zen

Si ta femme te trompe, console-toi à l’idée qu’elle pourrait passer ses après-midi avec des copines dans les magasins.
30 mai 2014

dimanche 8 juin 2014

L’enfant et le ragondin

Hier, j’ai dérangé un ragondin qui se chauffait dans des herbes coupées. Il est parti en courant dans la rivière et j’ai incontinent imaginé un enfant qui décide d’apprivoiser un tel animal à la manière du petit prince qui accepte d’apprivoiser le renard.
29 mai 2014

Am I a poet?

reading poems help me writing poetry.
All the images, the rhymes make me think of other images, other rhymes

When the door opens on emotions, they are allowed to enter and also to get out, they may arise from an unknown corner of my brain
As music makes me think of wind, birds, children playing
Words, somehow, are not so pure as notes
But they mean a lot
28 mai 2014

Pear tree farm

Some words tell us more than their letters.
Words that take us for a long trip
Words that make us dream
On a particular day, you read them
And suddenly you hear a dear voice, you see a friendly face, you smell a sweet perfume
But one day after or just an hour later
The same words provoke ne special feelings
The magic is gone
27 mai 2014

vendredi 6 juin 2014

samedi 24 mai 2014

Avec les exclus

J’ai acheté un parapluie arc-en-ciel pour me solidariser avec les homos. Si j’étais une femme, je porterais la niqab parce que je n’accepte pas qu’on refuse à quiconque le droit de s’habiller comme il l’entend.
25 mai 2014

Usure

Quand on atteint un âge canonique, il me semble normal de ne plus avoir ses capacités d’origine. Sinon, c’est l’indice d’une inaction ou d’une inutilité de son existence. Vieillir, c’est plus facile à accepter quand on se dit qu’on porte les cicatrices de son action.
24 mai 2014

jeudi 22 mai 2014

Saint Garp ‏

J'ai repeint les volets. C'est beau on dirait du Klein. Le sol de la cour, il est beau aussi, on dirait du Pollock.
Merci à Claudius Abracadabrog
23 mai 2014

mercredi 21 mai 2014

Pierrot ‏Beerbaum

Seul au don du sang.
L'infirmière s'est barrée.
La machine continue de pomper.
Adieu.
PS : Merci de voter Lutte Ouvrière pour moi dimanche.
Merci à Claudius Abracadablog
22 mai 2014

Le cœur du chœur

…Mais seulement chanter parce qu’on a le cœur trop plein, a écrit ce vieux salopard de Claudel
21 mai 2014
 
 

mardi 20 mai 2014

L’autre, cet inconnu

On ne peut pas tout partager avec quiconque. La part incommunicable de ressenti, de douleur, de plaisir… reste immense. Et puis quoi, on nait seul, on meurt seul.
20 mai 2014

lundi 19 mai 2014

Moindre mal

La vie m’a appris qu’il faut souvent accepter des solutions imparfaites aux problèmes que nous rencontrons. Et il en va de même pour la politique : rien de plus dangereux que chercher la solution définitive.
19 mai 2014

Europe

A la veille de voter pour le parlement européen, on se sent pris d’un vertige : de plus en plus de voix s’élèvent pour annoncer la fin de l’union européenne. Ces cassandres annoncent-ils l’inévitable, ou prêchent-ils le pire dans l’espoir de le conjurer ? Le doute s’installe, le ver est dans le fruit.
18 mai 2014

Aimer

Les enfants, je les adore, disait l’ogre
Eh ! Laisse m’en un peu, répondait Gilles de Rais
17 mai 2014

jeudi 15 mai 2014

Ici Londres

François lape-t-il la vulve d’Aurélie ?
Je répète : Aurélie se fait-elle laper la vulve pas François ?
16 mai 2014

Au boulot

J’ai pris des engagements et peut-être un peu trop. Mais si je ralentis, je vais m’ennuyer. D’un autre côté, je n’aime pas manquer quand j’ai promis. Bref, la vie n’est jamais parfaite. Peut-être que moi non plus.
15 mai 2014

mardi 13 mai 2014

L’amour, c’est aussi ça…

J’avais quinze ans, et il en avait trois de plus. Il avait du retard dans ses études, et moi un an d’avance. Nous nous sommes retrouvés ensemble et j’ai tout de suite ressenti une forte attirance pour lui. Il s’appelait Alain, beau gosse, grand et de l’humour potache comme on l’aime à cet âge. Il était parti un an aux Etats-Unis et en était revenu lecteur de « Mad », une des premières revues underground. Nous allions ensemble au cinéma, nous lisions les mêmes livres, nous nous bagarrions souvent ; j’ai le souvenir d’une porte de placard qui n’avait pas supporté nos débordements. Dire que je l’aimais, c’est peu. Il était ma respiration, mon initiateur, mon grand frère, celui dont l’absence me coûtait et vers qui j’allais en courant. Montaigne l’a écrit et on n’y peut rien ajouter. La vie nous a séparés, il s’est marié et a eu des enfants, puis il a divorcé. Il vivait aux Amériques, j’ai fondé une famille à mon tour. Et un jour, j’ai lu je ne sais quelle infamie sur les amours homosexuelles et j’ai pensé à lui. Notre relation n’a jamais connu de réalisation charnelle, mais en entendant des esprits simplistes fustiger les amours de même sexe, je me suis senti visé, parce qu’il s’en était fallu de bien peu que je n’ai eu avec lui des liens physiques.
J’ai essayé de renouer avec lui, récemment. J’ai tapé son nom sur Google et ai trouvé des textes qui lui rendaient hommage. Il est mort et je n’en ai rien su… Ce n’est pas ma seule faute, mais j’y ai ma part. Quoi qu’il en soit, et il l’a toujours ignoré, je lui dois de me montrer complice avec les hommes et les femmes qui aiment leurs pairs. Merci, Alain.
14 mai 2014

lundi 12 mai 2014

Fierté

Je me méfie de ceux qui se disent fiers d’être français ; je préfère ceux qui se sentent héritiers d’un passé qui les oblige à se remuer les mollets. Descendre, peut-être, mais monter, sûrement.
13 mai 2014

dimanche 11 mai 2014

Bien pensants

Ils m’énervent, ceux qui nous assènent des truismes comme quoi il faut entretenir son corps, que c’est bien d’avoir un esprit sain dans un corps sain. Tiens, ils me donnent envie de boire, de me droguer, de ne pas me laver, de ne rien faire. Ah ! Qui dira les dégâts que cause la bonne conscience !
11 mai 2014

vendredi 9 mai 2014

Choix

J’aimerais choisir ce dont je me souviens et ce que j’oublie
10 mai 2014

jeudi 8 mai 2014

Repartir à zéro

Certains rêvent de brûler leurs vaisseaux et trouver un autre conjoint, un autre travail, d’autres amis… Mais ils doivent toujours retrouver le même visage dans leur miroir.
9 mai 2014

Poids

La seule bonne raison pour maigrir, c’est quand on ne se sent pas bien dans sa peau. Alors, ce n’est pas si difficile.
8 mai 2014

mardi 6 mai 2014

Parano

Quand on me dit que je suis bien habillé, j’entends : c’est tout ce qu’on peut te dire de bien. T’es pas beau, t’es pas malin, mais t’as de belles fringues !
7 mai 2014

Humilité

Tous mes propos ne passeront pas à la postérité. Certains même ne méritent que le postérieur
6 mai 2014

dimanche 4 mai 2014

Héritiers

La veuve de l’écrivain se refusait à commercialiser la mémoire de son mari. Depuis sa mort, on trouve des protège-cahiers, des gommes, des assiettes avec son personnage fétiche et je trouve cela triste.
5 mai 2014

Programme

Petit lever 7h, petit déjeuner, puis je me rendors.
Grand lever 9h 30. Rester au lit pour songer à la fugacité des choses de ce monde.
11H 30 un petit café. Faire le tour de la maison et saluer ses occupants
12H30, déjeuner suivi d’une sieste
16h réveil progressif, télévision, goûter, promenade
18h questions pour un champion
19h planning de la journée qui vient
19h 30 dîner léger et animé
20h30 télé ou lecture des journaux
22h coucher avec plein de pensées positives
22h 30 dodo
4 mai 2014

vendredi 2 mai 2014

mon enfant, ma soeur

La puce me suce
Elle prend mon sang
Et moi, je prie François d’Assise de chasser de mon esprit  les pensées assassines que je nourris à son encontre
3 mai 2014

jeudi 1 mai 2014

Métier

J’ai décidé de m’installer comme anti-thérapeute : tu viens chez moi plein d’énergie et tu en ressorts à plat.
2 mai 2014

mercredi 30 avril 2014

Amour

Sentiment en général non-réciproque qui ne vieillit pas.
1er mai 2014

mardi 29 avril 2014

Survie

Après la mort de quelqu’un, l’eau se referme vite et on passe à autre chose. Sinon, nous vivrions tous dans le souvenir et ne nous intéresserions pas à l’avenir. L’égoïsme est indispensable à m’instinct de vie.
29 avril 2014

lundi 28 avril 2014

Rois

Omite et Eraste, rois légendaires célèbres, l’un pour son sceau, l’autre pour son épée.
30 avril 2014

dimanche 27 avril 2014

Pas si con

Quand il n’y aura plus de pauvres, ils auront l’air malin, les riches !
28 avril 2014

Eternelle jeunesse

J’ai arrêté des tas de choses : manger des chocolats, fumer, boire de l’alcool, et d’autres activités assez plaisantes, et je me promets que pour ma dernière année, je les reprendrai. Serment d’ivrogne ?
27 avril 2014

samedi 26 avril 2014

jeudi 24 avril 2014

Boutin

Avec sa liste, on saura ce que représentent les cathos irréductibles. Je parie pour 5%, mais j’admire leur capacité à faire du bruit comme s’ils détenaient la majorité.
25 avril 2014

mercredi 23 avril 2014

Niveau des mers

Les eaux montent. Si le rôle de Noé m’échoit pour le prochain déluge, je ne sauverai pas toutes les espèces. Les ragondins, par exemple, je n’aime pas.
24 avril 2014

Moutons

J’aime les doux, j’aime les tendres. Pourtant, j’aimais aussi Francine. Va comprendre !
23 avril2014      

lundi 21 avril 2014

Jeune

Hier, pendant notre déjeuner, ma petite-fille Rose a reçu un appel téléphonique de son cousin qui lui a demandé d’être demoiselle d’honneur à son mariage. Rose a connu un moment de bonheur absolu et elle nous a offert sans le savoir un spectacle que je ne suis pas près d’oublier. Pour une minute, j’avais sept ans moi aussi.
22 avril 2014

dimanche 20 avril 2014

Rêves

Après dix ans sans activité professionnelle, je travaille encore en rêve. Masochiste ? Peut-être, mais aussi le besoin irrépressible de me sentir utile. L‘herbe est plus verte ailleurs.
21 avril 2014

Sortir du complexe

On dirait qu’on ne peut guère espérer de nos gouvernants une réelle simplification ; chaque fois qu’ils prétendent raccourcir les circuits, ils créent, de bon ou mauvais gré, de nouvelles tracasseries et des imprimés à la tonne. Comme pour voir baisser le poids de l’Etat et le nombre de fonctionnaires, on a l’impression qu’il nous faut une bonne révolution !
20 avril 2014

Complexité

En formation pour les nouveaux élus locaux, j’ai eu un aperçu de l’imbroglio dans lequel nous évoluons. Nos dirigeants ont tout fait pour embrouiller le citoyen. Parfois, il semble que c’est pour mieux faire, mais pas toujours. Je ne peux me retenir de penser que nos énarques veulent garder la haute main sur les affaires publiques et en écarter le vulgaire dont je suis.
19 avril 2014

jeudi 17 avril 2014

Absolu

J’ai longtemps espéré qu’on pouvait demander aux politiciens la compétence, l’honnêteté et la force de caractère. L’expérience m’a appris à me montrer plus raisonnable. C’est comme avec nos proches : on les voudrait parfaits, ils ne sont qu’humains.
18 avril 2014

mercredi 16 avril 2014

Droits et devoirs

J’ai connu un homme délicieux qui agissait dans la vie en s’attribuant des droits différents des autres. Il disait avoir aussi des devoirs spécifiques, ce qui était tout à son honneur. Le problème, c’est que ses droits et devoirs ne relevaient que de lui. Enfin, ce n’est quand même pas trop mal !
17 avril 2014

mardi 15 avril 2014

Caste

Quand je vote socialiste ou plus encore quand je me présente sur une liste qui porte à gauche, il me semble trahir les miens, sentiment éminemment déplaisant. Mais je me console en pensant que ce sont eux, en fait, qui ont trahi leur christianisme en s’opposant à la solidarité.
16 avril 2014

Age


Autour de moi, on a des AVC, Alzheimer menace, la cirrhose fait des ravages, l’arthrose bloque les articulations, etc… Sans compter qu’on finit par mourir. Alors, l’important, c’est d’avancer sans se retourner, de pousser sa charrue et de ne pas penser à ses petits tracas. Cultivons notre jardin, disait Candide, c’est encore plus utile à soixante-dix ou quatre-vingts ans.
15 avril 2014

L’âge d’or

A en croire les médias, les années 50-80 ont connu un niveau inégalé de bien-être. Le bonheur, on vous dit. Tout ce que je sais, c’est qu’on pensait alors que demain serait mieux qu’aujourd’hui et qu’on est devenu d’un pessimiste bien triste. Peut-être serait-il temps de penser que le bonheur ne consiste pas à posséder, à convoiter, même pas à jouir ! Moi, disait le Petit Prince, si j’avais une demi-heure, je marcherais vers un puits…
15 avril 2014

dimanche 13 avril 2014

Voleurs

Un député européen d’origine britannique dénonce les privilèges des eurocrates. Il a sans doute raison, mais est-ce une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain ? Au secours, Jeanne, les anglais sont de retour !
14 avril 2014

Vénère

Des lecteurs ont estimé que mon dernier billet d’humeur donnait des signes d’énervement. Je me trouve plutôt serein. Dénoncer des manœuvres délétères, est-ce toujours s’énerver ?
En tous cas, j’ai eu plus de lectrices et lecteurs que jamais. Bientôt, l’Elysée ?
14 avril 2014

jeudi 10 avril 2014

Un triste sire

Michel S. est arrivé au village voici quatre ans. Il avait l’ambition d’en devenir maire et il a commencé son travail de sape, faisant courir des bruits sur le maire en place et son équipe, amenant un conseiller à le rejoindre. Par des manœuvres, il a séduit des représentants des anciens, mécontents des changements intervenus depuis quelques décennies, et a constitué une liste. Puis, il a prétendu avoir reçu des menaces, se victimisant selon un schéma habituel. Ses efforts ont presque abouti, puisque deux électeurs sur cinq ont voté pour sa liste. Une fois battu, il appelle au harcèlement contre la nouvelle maire pour l’amener à démissionner. Comment des habitants peuvent-ils encourager de tels agissements ? Et comment réagir ? Sûrement pas en se comportant comme lui, mais la malignité a ses vertus, même si je crois que l’honnêteté finit par triompher, à terme. L’important, c’est d’être encore en vie à ce moment.
11 avril 2014

Le chevreau sur un toit

Au sommet d’un toit se trouvait un chevreau
Qui faisait le beau
Comment était-il parvenu à grimper jusque-là ?
L’histoire ne le dit pas.
Il aperçut un loup qui marchait sur le sol
Hé, camarade, te voilà bien fol
De te hasarder sous mon toit !
Tu parais stupide, toi !
Il jacassait ainsi en se moquant sans cesse
Du loup qui serrait les mâchoires et les fesses.
Ce dernier, cependant, lui riva son clou :

Tu peux faire le faraud devant le loup,
La place où tu te trouves justifie ton audace ;
Mais je t’en prie, descend, de grâce.
Le chevreau fit semblant de n’entendre rien

Parce qu’en lui, il savait bien
Qu’à peine descendu, il filerait bien vite
Dans la crainte d’avoir le loup à sa suite

Moralité :
Mettons sur le trône un lièvre apeuré
Il commandera à toute la forêt.

D’après Esope, et merci Jeannot
10 avril 2014

mardi 8 avril 2014

printemps

Esquisse d’un bonheur trop souvent éphémère,
Rien ne peut remplacer la courbe de ton sein,
Odalisque alanguie, ronde comme une mère ;
Tes appas font rêver, mon ardeur est sans frein.
Il faut que de tes mains tu caresses mon torse
Sans jamais t’arrêter, caresse-moi encore
Méchante et bestiale, faut-il que je te force
Et que mon corps en feu fasse vibrer ton corps ?
9 avril 2014

lundi 7 avril 2014

Les autres

C’est l’enfer, disait le pape de la philo. J’ai essayé de m’en passer; c’est pire
8 avril 2014

dimanche 6 avril 2014

Résurrection

Si ce monde était si formidable, les morts reviendraient plus souvent nous voir
7 avril 2014

samedi 5 avril 2014

Comédie

Jouer m’amuse bien. C’est comme écrire : je me mets un instant dans la peau d’un autre. Ou mieux, d’une autre.
6 avril 2014

Incontinence

Pour éviter les fuites désagréables, j’utilise une pince à linge. Ma femme est jalouse !
5 avril 2014

jeudi 3 avril 2014

Audition

J’ai dit à ma femme : « prends soin de moi », elle a pris moins de soie
4 avril 2014

mercredi 2 avril 2014

Prévert

Il a écrit qu’on reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en partant. Le salaud, j’aurais bien voulu être l’auteur d’une si jolie phrase
3 avril 2014

mardi 1 avril 2014

Amaryllidaceae

Tiens ! Tu as perdu les aulx, ais-je dit à ma femme.
Mais non, m’a-t-elle répondu, mais toi, tes oignons rabougrissent
2 avril 2014

lundi 31 mars 2014

Optimisme

En adoptant un comportement plus respectueux de la nature, nous parviendrons peut-être à prolonger la survie de l’espèce de cinq ans. Youppie !
1er avril 2014

dimanche 30 mars 2014

Déplacé

Demander à un chercheur ce qu’il a trouvé est aussi déplacé que demander à un être humain ce qu’il a fait de sa vie.
31 mars 2014

samedi 29 mars 2014

Point trop n’en faut

Le bottin mondain est mort asphyxié par un pic de pollution aux particules de petite taille.
30 mars 2014

vendredi 28 mars 2014

Rien à signaler

Quand le sexe sera devenu une activité aussi banale que l’alimentation ou le sommeil, qu’il n’y aura plus d’interdit, plus de péché, ce sera un peu triste, non ?
29 mars 2014

jeudi 27 mars 2014

Age

Plus jeune, j’étais pro-stat. Maintenant, je laisse pisser…
28 mars 2O14

Antipape

J’ai chez moi un préservatif et une pilule. Au moyen-âge, j’aurais été brûlé.
27 mars 2014

mardi 25 mars 2014

Vers

Le poème que j’ai mis en ligne hier, je le trouve pas léché, pas soigné. Sans doute est-ce son charme, Pourtant, je rêve de lui conférer une forme plus académique, du rythme, des résonances, alors que les mots me sont venus spontanément et que je les ai notés sans travail. Qu’est-ce que la poésie ? Une spontanéité, ou de la transpiration ?
26 mars 2014

lundi 24 mars 2014

Fugit irrevocabile

Je ne cours pas, je vole,
Dit le faucon
Je vole pour rattraper le temps
Le temps perdu qui m’a été volé.
Stupide oiseau microcéphale,
Le pays d’hier n’existe plus
Vole donc, puisque tu ne sais rien faire d’autre
Mais vers des terres dont tu ne sais rien
Des contrées que  nul n’a encore découvertes
Vole, vole, vole
Les yeux rivés sur l’horizon
Vole jusqu’à l’asphyxie, jusqu’au jour de ta mort.
Et si d’autres suivent un moment la même route
Ne t’y trompe pas, tu es seul maître de ton voyage
Que ton cœur batte, non à évoquer ce qui fut,
Mais à imaginer l’impossible
Armel, l’ours qui vole
25 mars 2014

Foulard

Je viens de lire un document sur lequel figurent des témoignages de femmes d’origine étrangère et de confession musulmane. Je me méfie des religions, mais reconnais aux autres le droit de croire autrement que moi et d’exercer leur foi comme ils l’entendent, foulard inclus, parce que cela ne me concerne pas. On me dira que les mutilations sexuelles des femmes, ce n’est pas non plus de mon ressort ; pourtant, j’ai envie de les combattre. La frontière est sinueuse…
24 mars 2014 

samedi 22 mars 2014

Elections

Pièges à cons, disait-on naguère. Je suis sur une liste dans mon village et j’espère bien être élu. J’appartiens à la liste que j’appellerais citoyenne, contre les notables qui, de par leur position, se croient de droit divin qualifiés pour diriger la commune. J’ai vraiment envie de les battre ;-)
23 mars 2014

vendredi 21 mars 2014

Transparent

Se montrer sans fard, avancer à visage découvert, cela me permet de me concentrer sur les vrais problèmes de fond. Honnête, donc meilleur ; vous me croyez ? Poisson d’avril !
22 mars 2014

Citation

… Et ma vengeance en somme
Doucement de chemin va son petit bonhomme.
Christophe
21 mars 2014

mercredi 19 mars 2014

Jean-Sébastien

J’aime bien Wolfgang Amadeus, mais les motets et autres messes ou passions de Bach me font vibrer : il s’adresse à Dieu avec les mêmes mots, les mêmes accents qu’un homme amoureux. Ich lasse dich nicht, mein Jesu, … Je suis sûr qu’il file le parfait amour depuis trois siècles.
20 mars 2014

Intolérance

Une de mes nièces a épousé un militant opposé au mariage homosexuel. Jusque-là, tout va bien. Il m’a  bombardé de publicités pour ses manifs et veilleurs en tous genres au point que j’ai balancé des vannes pas toujours très fines, à son attention, je précise. Depuis, il éloigne ma famille de moi, ce que Je trouve peu gentil. Dois-je attirer l’attention de ma nièce sur la réaction peu intelligente de son mari ou lui laisser le temps de se rendre compte de ce qu’il est ?
19 mars 2014

mardi 18 mars 2014

Eglises et religions

L’église catholique n’a pas de leçons à donner à l’Islam. Par nature, les religions poussent à l’anathème et l’incompréhension de l’autre. On aurait pu espérer que les musulmans, qui ne disposent pas d’une structure centralisée, se montreraient moins dangereux pour l’espèce que les catholiques romains. D’où vient qu’ils se retrouvent pour le pire ?
18 mars 2014

lundi 17 mars 2014

Compagnons

Mon chat a été écrasé, mon fils a repris son chien, seuls me restent quelques araignées et des milliers d’acariens.
17 mars 2014

dimanche 16 mars 2014

poésie

J’ai fait appel à Ronsard pour arrêter le massacre qu’avait commencé à entreprendre mon bûcheron.
« Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras… »
16 mars 2014

samedi 15 mars 2014

Con

Vaut-il mieux être pris pour un con par un imbécile ou par quelqu’un que l’on respecte ?
15 mars 2014

jeudi 13 mars 2014

Taubira

Cette femme suscite mon admiration. Mais je ne porte pas chance à celles que je soutiens. Avant elle, il y avait Ségolène et Eva. C’est juré, je vais devenir fan de Morano !
14 mars 2014

Printemps

Le piaf dit au poète :
Tiens toi aussi tu aimes les vers ?
13 mars 2014

mercredi 12 mars 2014

récompense

un seul de mes quatre abonnés a réclamé sa récompense. La voici :

A toi, vaillant lecteur, toi dont les commentaires
Doucement de mon cœur calment le mal secret,
Rassure-toi, mon cœur, il est dans le jardin.
Ici, reçois ta récompense, un truc abstrait
Et surtout n'en arrive jamais à te taire.
Ne viens plus dire après que je suis un radin

ça n'a pas toujours beaucoup de sens, mais je trouve que cela ouvre une voie royale à l'imagination, non?

mardi 11 mars 2014

Les gendarmes rient

Arrive le printemps, les gendarmes s’enculent
De l’aurore naissante et jusqu’au crépuscule ;
Sans pudeur, sans vergogne, ils font ça sous nos yeux.
Bannissez-les, Seigneur, chassez-les de vos cieux :
Ils rampent sur le sol, ces vermines lubriques,
Punissez-les aussi, donnez des coups de trique.
Nous ne laisserons pas ces animaux puants
Infester notre sol de leur sperme gluant.
12 mars 2014

lundi 10 mars 2014

Sous la ceinture

Le sexe est parfois triste, c’est vrai. Heureusement, les culs rient.
11 mars 2014

dimanche 9 mars 2014

Pervers narcissique 2

Parmi celles et ceux qui retiennent mon attention, il y a ceux qui entrent dans ma sphère d’influence et ceux que j’aimerais y voir. Et puis s’y trouvent aussi les personnes qui ont été naguère sensibles à mon charme et qui se sont libérées de mon emprise. Je pense en particulier à une femme…
10 mars 2014

samedi 8 mars 2014

Facebook

J’ai connu des « amis » qui sont venus, ont vu et sont partus. J’ai souvent envie aussi de mettre un terme à ce type de relations. Il paraît que tous les « posts » de nos « amis » ne nous parviennent pas. Alors, à quoi bon ?
9 mars 2014

vendredi 7 mars 2014

Pervers narcissique

Les gens que je connais appartiennent à deux catégories : ceux auxquels je prête attention et les autres. Ces derniers sont encore de deux types : celles et ceux que je ne remarque pas et les personnes qui pourraient échapper à mon influence. Autant les ignorer pour me consacrer aux autres… A suivre !
8 mars 2014

jeudi 6 mars 2014

Récompense

Les quatre personnes qui sont membres de mon club privé, sur ce blog, ont gagné un lot d’une valeur inestimable. Merci de le réclamer.
7 mars 2014

mercredi 5 mars 2014

Folcoche

J’ai reçu un commentaire à mon billet « épidémie » d’une dénommée Folcoche. Je crois avoir mis à jour son identité, tout comme AndréRenbaz. Je suis cerné par des personnages louches qui me surveillent. Sont-ils payés par Hollande, pas Marine ou Jean-Luc ? J’y suis, c’est des potes de Jean-François !
6 mars 2014

Vent

Il souffle depuis trois jours. Emportera-t-il mes soucis avec mes derniers cheveux ?
5 mars 2014

lundi 3 mars 2014

Epidémie

Un rêve, un cauchemar plutôt : une maladie contre laquelle les labos se mobilisaient. Un scénario assez réaliste, avec des séances de dépistage, des mises en quarantaine, des actions courageuses, des gestes égoïstes, il m’arrive rarement de me rappeler mes rêves avec autant de précision. Prémonitoire ?
4 mars 2014

Zen

Quand on n’a plus à gagner sa vie et à élever des enfants, on peut méditer ; ça occupe.
3 mars 2014

dimanche 2 mars 2014

Crise

Plus jeune, j’appelais de mes vœux le retour à l’âge des cavernes, une vie saine, des soucis primaires, un vrai struggle for life. Et j’ai dû vieillir, parce que je ne suis pas certain aujourd’hui de vouloir vivre vêtu de mes seuls poils avec pour nourriture des racines et, les bons jours, un jarret cru. On devient facilement matérialiste, non ?
2 mars 2014

samedi 1 mars 2014

Juste

Le juste fait mourir son fils pour n’avoir pas respecté la loi divine. Dans les pays musulmans, on renverse les tyrans pour mettre au pouvoir les prêtres. Vive la corruption et l’imperfection.
1 mars 2014

Pape

Il me semble qu’il faut bien du courage pour siéger sur le trône de Pierre aujourd’hui. Et pourtant, on se bouscule pour y parvenir. Le goût du martyre ou l’appel du pouvoir ?
28 février 2014

vendredi 28 février 2014

jeudi 27 février 2014

Diary

Le mot vient du français diarrhée : ça sort des tripes, c’est tiède, liquide et parfois malodorant.
26 février 2014

mercredi 26 février 2014

lundi 24 février 2014

Titeuf et Mafalda

J’ai acheté hier pour mes petits-enfants deux albums de Titeuf. Pour m’assurer qu’ils ne menaçaient pas l’innocence des chères têtes blondes, j’en ai lu quelques pages. Mais c’est pire que « tous à poil » ! Il n’est question que de sexe, de tricherie, et j’en passe. J’avais déjà interdit Mafalda dont les remarques corrosives polluent les cerveaux, si malléables à cet âge. Où est Tintin que savait parler aux nègres et aux communistes, où est Buck Dany qui combattait des ennemis dont la seule couleur de peau dénonçait la perfidie, où est le Prince Éric qui perpétuait les valeurs de la chevalerie. Ah ! Le monde a bien changé, ma pauvre dame !
24 février 2014

dimanche 23 février 2014

Premier

Elle jeta un regard circulaire autour d’elle et, rassurée et inquiète malgré tout, poussa son premier soupir
23 février 2014

vendredi 21 février 2014

Donner

L’autre jour, en ville, j’ai donné un billet de cinq euros à un mendiant. Pourquoi ? Sans  doute au moins pour me donner bonne conscience que par véritable altruisme. Une vieille dame, plutôt vilaine, m’a alors dit : pour ces gens, il y a les restos du cœur. Je ne sais pas si elle soutenait cet organisme, je lui ai seulement répliqué que je préférais être à ma place qu’à celle de ce mendiant. Si je n’aime guère qu’on me reproche mon geste, même s’il n’est pas forcément généreux, je reste perplexe.
22 février 2014

Vêtements

Porter des vêtements ne répond qu’à deux motivations naturelles : l’hiver, se protéger du froid ; l’été, mettre en valeur son corps et en cacher les défauts. Tout le reste ne relève que de conventions sociales ou religieuses et de ce fait varie selon les époques. D’ailleurs, la deuxième raison change avec le temps. Ah ! Comme la vie était moins compliquée lorsque nous étions couverts de poils !
21 février 2014

mercredi 19 février 2014

Cent ans

Est-ce un objectif à atteindre ? J’étais l’autre jour à une fête pour le premier siècle d’une tante et ne suis pas certain qu’il faille envier ces personnes qui atteignent un âge aussi impressionnant. Si la médecine et l’hygiène nous permettent d’être aussi actifs à cent ans qu’on peut l’être aujourd’hui à quatre-vingt, alors je veux bien reconsidérer la question. Mais sinon, non.
20 février 2014

mardi 18 février 2014

Enfantement

Hier, j’étais constipé et cela m’a fait toucher du doigt ce que doivent être les douleurs que ressent une mère quand elle met au monde un joli bébé.
19 février 2014

lundi 17 février 2014

Contorsions

Notre président qui pratique le tango avec talent : un pas en avant, deux pas en arrière, fait montre décidément d’une grande souplesse puisque en même temps, il se déplace en scooter.
18 février 2014

Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? [1]

                                                                              
Madame Monnet nous avait prévenus quelques jours à l’avance : la maison Tourte et Petitin vient la semaine prochaine. Le jour dit, elle nous a fait quitter nos places et descendre dans la cour de récréation. Un gros moustachu se tenait près d’un trépied. Il s’est couvert la tête d’un tissu vert et nous a dit : « ne bougez plus. »

Madame Monnet nous avait installés, les plus grands derrière, grimpés sur un banc. Ceux-là, faut dire, c’est souvent des redoublants. Sur le rang du milieu, les gars, debout par terre, ils avaient fière allure. Devant, elle occupait la chaise au centre et autour d’elle, les fayots avec leurs croix d’honneur ; vers l’extérieur, les plus petits.

Clic. On commençait à remuer quand le photographe nous a rappelés à l’ordre : Il faut toujours doubler la mise.

Maman a acheté le cliché. J’ai écrit au dos les noms de mes camarades. C’est bête : Léonard était malade, le jour de la photo. Alors j’ai pris mon porte-plume et j’ai dessiné son visage au-dessus des autres. On aurait dit un ange.

Maman a rangé cette photo avec une collection d’autres. Je crois qu’il lui arrivait de les regarder de temps à autre pour évoquer des époques révolues.

Quand j’ai amené Mireille à la maison, maman a cru lui faire plaisir en lui montrant ce témoignage d’un passé ancien : « devinez où il est », lui a-t-elle dit. Mireille, vous pensez, elle n’en avait rien à cirer. Elle a montré le plus moche, Loulou, qu’on avait surnommé Bouboule, qui louchait et sentait des pieds. Mais ça, la photo n’en laissait rien savoir. Contente de son effet, maman a repris la photo en disant : « Mais non, c’est lui, le petit blond au regard vif ! » Elle était toujours prête à me trouver plus beau que les autres. Cette partialité avait le don d’agacer mes copines. On a changé de conversation.

Quand maman est morte, on a rangé ses affaires. Ma photo de classe m’a sauté aux yeux. Elle me ramenait à l’époque bénie où les soucie trouvaient leur apaisement dans un baiser. J’étais ému de revoir cette banale cour d’école, ma maîtresse déjà plus très jeune et les camarades que je n’avais jamais revus. Si, pourtant, Marc Le Pendu de La Potence. Il avait réussi plus tard le concours de l’ENA et passé six mois comme ministre des colonies. Quand je l’ai vu parader à la télévision, j’ai eu du mal à reconnaître le turbulent garçon bouclé de la photo.

Mireille, l’autre jour, a profité de mon absence de quelques jours pour ranger mon bureau. Quand je suis rentré : « Qu’as-tu fait de ma photo de classe de huitième », lui ais-je demandé ? Elle a ri, de son rire aérien qui lui vaut tant d’indulgence. « Ben mon vieux, figure-toi que j’ai balancé toutes ces vieilleries. Il faut vivre dans l’avenir, tu ne crois pas ? »

J’y repense parfois, bien plus que lorsqu’elle était encore là. J’essaie de me remémorer chacun des visages, y compris le mien. Mais le temps fait son œuvre, inexorable. Bientôt ne restera plus un seul témoignage de ce moment de mon enfance.



[1] Lamartine, Harmonies Poétiques et Religieuses