mercredi 23 janvier 2013

lettre à Alix de Saint-André

je fais partie de la secte des lecteurs fous d’Alix de Saint-André, l’appétit sans cesse insatisfait et la voracité inquiétante. Bref, j’aime vos livres, et qui plus est, je vous aime, car j’ai eu le bonheur voici quelques années de participer vos côtés "la for t des livres" organisée par l’inimitable Gonzague Saint-Bris (encore un saint, mais est-ce bien un vrai?) Et, m me si mon rôle se limitait ce jour-l encaisser le produit de vos ouvrages, j’ai passé grâce vous un apr s-midi charmant, un de ceux qu’on oublie difficilement.
J’ai fait votre connaissance, littérairement s’entend, par l’Ange et le Réservoir de Liquide Frein. Sur le titre, je l’ai acheté, en soupçonnant que vous deviez tre l’arri re-petite-fille plus ou moins par la main gauche d’André Breton, humour en plus. Savez-vous que des passages de ce livre figurent dans une anthologie des po tes de la Loire, non loin de quelques pages de mon arri re-grand-p re René Bazin?
Depuis, je crois n’avoir raté aucun de vos livres leur parution et m’en suis délecté. Amoureuse d’André Malraux, un amour inavoué de son vivant et donc ni partagé, ni abouti, vous lui avez consacré deux livres, le premier sous forme de roman, le deuxi me visage découvert.
Et voici qu’il y a quelques jours, votre consoeur Mme de Lamberterie a présenté Télématin en des termes élogieux "Garde tes Larmes pour plus tard". Confraternité des journalistes particule? Bref, je me suis précipité chez ma libraire adorée pour l’acheter. Je dois vous confesser avoir depuis longtemps nourri l’encontre de Mme Giroud une solide aversion, doublée d’un jugement un rien méprisant pour cette prétendue "grande dame". Cela a commencé en lisant un recueil d’états d’âme qu’elle a publié, je ne me rappelle plus sous quel titre, dans lequel elle disait que ce qui m ne les hommes (au sens mâles) était le petit bout de chair qui pend entre leurs jambes. J’ai trouvé la formule d’une vulgarité si forte que je m’en souviens, quelque vingt ans plus tard. Ce n’est pas seulement mon orgueil masculin qui a réagi. Je m’insurge de m me contre les imbéciles qui réduisent les femmes leurs faiblesses physiologiques. Je fuis la compagnie des cons, ce qui n’est pas aisé, celle des beaufs et cela m’occupe. Donc, je me suis dit : peut- tre le dégo t que m’inspirait Mme Giroud repose-t-elle sur un malentendu. Il m’est arrivé l’enterrement d’un copain que je n’appréciais gu re d’éprouver des remords de n’avoir pas su discerner en lui une gentillesse, un humour, une finesse, pour n’avoir vu que l’apparence peu avenante d’un rustre. Donc, j’ach te, je me plonge dans la lecture et m’y perds. Car votre biographie, qui n’en est pas une, pardon, fourmille de fausses pistes, de contradictions, de pirouettes. Impossible de se faire une idée de ce que vous pensez vraiment de la personne, tant vous embrouillez la vision. J’ai du mal, m me apr s vous avoir lue, admirer une femme qui écrivait des lettres anonymes, qui a laissé passer une information mensong re sur une affiche électorale au bas de laquelle était inscrit "vu, le candidat", une people de la plus belle esp ce, fascinée par les paillettes. Elle aurait voté sans regret pour Sarkozy, elle!
 
 
Pourtant, permettez-moi de vous dire que j’ai aimé ce livre, parce que c’est une fois de plus le reflet de votre personnalité. Vous aimiez Mme Giroud, et mes yeux, il fallait une bonne dose de mérite, d’autant plus que vous ne vous voiliez pas la face. Vous l’avez aimée malgré ses défauts énormes, parce qu’elle avait aussi, je pense d’immenses qualités d’intelligence et de coeur. Si j’ai du mal, ne l’ayant pas rencontrée, imaginer qu’on puisse faire passer au second plan des traits de caract re aussi déplaisants que les siens, je veux bien admettre que d’autres soient capables de porter sur elle un regard empreint de sympathie et d’amour. Dans le m me ordre d’idées, j’ai une admiration totale pour Robert Badinter et ai du mal comprendre qu’il ait nourri des amitié aussi sulfureuses que celle de Mitterrand. Eh! Bien, c’est ainsi : je dois accepter ne pas pouvoir comprendre tout, et surtout les sentiments.
Le fait que je n’ai gu re aimé "garde tes larmes pour plus tard" n’a au fond pas vraiment d’importance. Vous vous en remettrez, et moi également. Et si cela peut aider votre rétablissement, je vous promet m me d’acheter le prochain.
Avec mes sentiments respectueux et chaleureux

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