vendredi 9 décembre 2011

L’Euro, c’était chouette !

Lorsque quinze pays européens décidèrent, voici douze ans, de créer une monnaie commune appelée Euro, bien des citoyens, dont moi, ont cru de bonne foi que la construction d’une grande fédération, dont la taille permettait d’espérer qu’elle rivaliserait avec d’autres continents, progressait. Il n’était pourtant pas besoin d’être grand clerc pour remarquer quelques anomalies : l’acceptation de pays dans cette zone qui n’avaient pas atteint le niveau de développement des autres. Mais compte tenu de la taille restreinte de ces états, on pouvait penser qu’ils seraient absorbés, que les plus riches les aideraient à combler leur retard. L’intégration de l’Est par l’Allemagne de Bonn en était un exemple bien plus spectaculaire. Sur ce point, la question était de savoir s’il existait une volonté politique assez forte pour emporter ces régions dans le maelstrom de notre prospérité. Apparemment, ce n’a pas été le cas, et la faute en revient à ces pays eux-mêmes qui, au lieu d’appliquer des politiques courageuses ont préféré mentir aux autres et se mentir à eux.
Mais ceci n’aurait pas un caractère de gravité dramatique s’il n’y avait l’autre faute. Car en liant les monnaies de manière indissoluble, nous n’avons pas voulu voir qu’une telle fusion devait entraîner une harmonie des politiques budgétaires des états. Il s’agissait là d’une réelle perte d’autonomie, et la structure des institutions ne facilitait pas cet abandon de souveraineté : pouvait-on envisager sérieusement que les fonctionnaires de Bruxelles allaient dire aux états souverains combien ils devaient dépenser pour la santé publique, l’éducation ou la défense ? Il était dès le début évident que pas un pays n’était prêt à ce sacrifice, qui semble à un esprit doté de bon sens incontournable, si on voulait que la monnaie ait une chance de survie à terme. Comment peut-on croire que dans une même zone monétaire, pouvaient cohabiter des pays à inflation forte et d’autres plus vertueux ? Des pays qui veillent à leurs dépenses et ceux dont les gouvernants agissent sans se soucier du lendemain ? Lorsque la décision a été prise d’abandonner les monnaies nationales, les optimistes pouvaient se dire que, par la force des choses, les rapprochements se produiraient. Il est vrai que des tentatives ont été constatées, mais survienne une crise, chacun se replie sur ses intérêts et l’union de façade éclate.
Sous la pression des événements, et devant la menace d’explosion à laquelle l’Europe est confrontée depuis quelques mois, les gouvernants essaient bien de mettre en place des dispositifs de régulation, comme la prétendue règle d’or. Cela semble bien tardif, et ceux qui en parlent pensent probablement que leur discours les dispense d’appliquer leurs propres conseils.
Donc, l’Euro peut se déliter dans les mois qui viennent, le temps de recréer une organisation nationale, d’imprimer les billets, de tirer les leçons de l’échec. On voit bien qu’une telle hypothèse signifie un recul majeur dans la construction de l’Europe, ce qui n’est en soi pas dramatique. Le plus inquiétant, c’est que nul ne peut prédire comment chaque pays réagirait, ce que deviendra dans ce cas le commerce inter-Europe, Comment les industries pourront continuer à acheter leurs matières premières et leurs composants avec autant de facilité qu’aujourd’hui. La perspective d’un retour aux monnaies nationales, probabilité non négligeable, ouvre la voie à un avenir inconnu, qu’on suppose porteur de nombreux maux, l’inflation, le chômage, la dépendance, en un mot la pauvreté. Vaut-il mieux connaître une prospérité relative en n’étant plus trop maîtres de nos politiques ou vivre orgueilleusement seuls, libres, mais dans la misère ? Le citoyen, en mai prochain, décidera, mais sans doute sans en avoir conscience.
Car les options, en espérant qu’il nous en reste, sont celles-là : Une austérité de droite, c'est-à-dire soumise au marché ou une austérité de gauche où l’Etat intervient davantage dans le choix des victimes. L’autre terme de l’alternative, c’est l’aventure. Reste à espérer que Hollande saura se montrer assez homme d’Etat pour oublier, aussitôt élu, ses promesses électorales pour prendre des décisions douloureuses, certes, mais espérons-le salvatrices, et faisant porter le coût sur les nantis. On objectera que dans ce cas, les grandes fortunes quitteront le pays. Ouais… Reste à savoir quelle est l’impact économique réel de ces évasions fiscales anti-françaises. Il est douteux qu’il soit très sensible. Selon toute vraisemblance, il s’agit là d’une manœuvre médiatique visant à influencer les décisionnaires. Par exemple, lorsqu’on prétend que refuser aux Grands médecins des avantages considérables avec l’argent de tous, on cède à leurs arguments selon lesquels ils s’installeront à l’étranger. Or il est assez clair que seuls quelques individus en auront le courage. Les arguments des plus favorisés ne doivent pas être pris en compte sans esprit critique.
François Hollande, de la rigueur de gauche, s’il vous plaît !

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