dimanche 1 juillet 2012

Monsieur le Président,

Mon éducation, ponctuée de valeurs chrétiennes de partage et d’amour du prochain, m’a tenu depuis fort longtemps éloigné de celles et ceux qui assurent que rien ne sert d’aider les autres et que nous devons nous concentrer sur la satisfaction de nos propres besoins. C’est ainsi : la vie m’a appris que les personnes qui prônent l’altruisme sont souvent plus que les autres la recherche de satisfactions, de gloire ou de pouvoir. Il n’empêche, je reste et demeure attaché aux valeurs de solidarité. Venir en aide aux plus démunis, ce n’est pas pour moi les maintenir dans leur dépendance, mais leur permettre d’en sortir. Naïf ? Eh ! bien, oui, j’assume ce qualificatif. Je préfère me trouver avec les petits, les pauvres et les exploités, au risque de passer pour un imbécile.
Là se trouve une des raisons pour lesquelles je n’aurais pas voté pour Strauss-Kahn. Je me contrefiche de son addiction au sexe, mais son amour de l’argent, plus fort encore que celui de Sarkozy, me fait horreur. Ne m’en veuillez pas : je rêve d’une gauche vertueuse. Lorsqu’en 1981 j’ai voté pour Mitterrand, je ne me faisais guère d’illusions, mais pensais que la gauche, même impure, valait mieux que la droite. Je ne m’attendais pas des miracles et n’ai pas été déçu. Seul Robert Badinter m’a enthousiasmé.
J’ai voté pour vous au second tour de la primaire car, ayant vécu Lille, je n’appréciais pas la morgue et l’intolérance de Martine Aubry. J’ai ensuite voté pour vous aux deux tours de la présidentielle et me suis réjoui de votre élection. Cette fois encore, je ne voulais pas trop attendre des élus. Les temps sont durs, certes, et les marges étroites. J’avais soutenu, sur mon blog, que le mieux serait un président qui demanderait des sacrifices aux français, mais garderait le souci de la justice. Je ne croyais pas trop cela réaliste.
Et puis voil que votre gouvernement, le nôtre, semble décidé emprunter la voie de la rigueur et demander plus d’efforts aux nantis. Je crois rêver : ce que j’imaginais et pensais chimérique est-il en train de se produire ?
Monsieur le Président, je veux vous encourager tenir bon. Vous ne manquerez pas de rencontrer des obstacles. Les gens n’aiment pas se serrer la ceinture, les riches pas plus que les pauvres. Je vous conjure de garder le cap, dans les moments difficiles que nous ne manquerons pas de connaître. Si vous commencez au début de votre mandat, vous pouvez espérer que dans deux ou trois ans la situation se montrera plus favorable. Ne vous illusionnez pas : d’ici là , ce sera dur.
A mon petit niveau, je m’efforcerai d’expliquer autour de moi que vous montrez la bonne direction.
Je me considère comme faisant partie des privilégiés et accepte sans rechigner de renoncer quelques avantages. Je prendrai les transports en commun et n’aurai plus qu’une seule voiture. Je ne partirai pas en croisière, sans doute. Eh ! Bien, si c’est le prix payer pour que mon pays s’en sorte, si les plus démunis souffrent moins, je sacrifie sans barguigner ma huitième Ferrari, comme l’a dit drôlement Eric Orsenna.
Monsieur le Président, je vous soutiens comme je peux. J’aimerais que la presse apporte aussi son concours l’effort que je crois indispensable, qu’elle explique au public que les bons apôtres qui prétendent qu’en quittant l’Europe et en rapatriant des activités chez nous, ou en refusant d’accueillir plus malheureux que nous, nous sortirons du marasme, que ces démagogues nous mentent.

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