Allée C, numéro 27. C’est une case encore vide, ni dalle, ni
stèle, des herbes folles poussent en liberté et se penchent sous le vent. La
terre paraît légère, comme s’il fallait juste quelques coups de bêche pour
creuser mon ultime demeure. J’ai réservé mon territoire ; je paye chaque
année la redevance et viens m’y recueillir de temps à autre. Si mes enfants ne
manifestent pas plus d’intérêt que moi pour les cimetières, mieux vaut en effet
que je me charge, de mon vivant, des visites qu’ils repousseront d’année en
année. J’aime à imaginer qu’ils feront pousser des cyclamens, fleurs que j’aime
pour leur fragilité, leurs teintes nuancées mais aussi pour leur nom qui me
rappelle le vélo. Et puis, je serais content qu’au milieu, on installe une
plaque avec mon épitaphe. A force, je l’ai choisie : que sa mort soit
aussi heureuse que sa vie.
C’est promis : l’année prochaine, je m’en irai promener
au cimetière avec me petite fille, Rose.
Je ne lui dirai pas à quoi est destiné ce lieu. J’espère qu’elle en gardera le
souvenir après ma mort et y reviendra d’un cœur léger pour évoquer les moments
joyeux passés ensemble.
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