jeudi 17 octobre 2013

les pailles de mon oeil


 

Je me prépare avec soin pour rencontrer Sylvie. Je sais qu’il me faut vingt-cinq minutes pour parcourir le chemin jusqu’à notre lieu de rendez-vous. Je suis prêt à partir une demi-heure avant et franchis le seuil de la maison ? Alors, je me rappelle que j’ai oublié d’enfermer le chien dans la cuisine. Je passe quelque temps à le chercher, parviens enfin à l’amener où je vaux et ferme la porte. Vite, je n’ai plus un instant à perdre. A peine sorti, je pense soudain que j’ai oublié de fermer le gaz. Je reviens en courant. Le téléphone sonne. Je ne résiste pas à la curiosité de savoir qui m’appelle. C’est peut-être Sylvie, d’ailleurs. Mais non, c’est Jean-Claude qui me raconte une histoire interminable totalement dénuée d’intérêt. Je devrais l’interrompre, mais je n’ose pas. Dix minutes après, je raccroche, ferme à nouveau la porte et me glisse dans l’auto. Mais je suis si énervé que j’ai un accrochage sur la route.

Et comme toujours, j’arrive en retard, trop tard.

 

 

Petit garçon, je passais des journées entières à rêver. Ma sœur disait d’un ton méprisant : rêvasser. Je vivais dans des univers créés exprès pour moi, par moi. Le théorème de Pythagore ou celui de Thalès, je m’en battais l’œil. Je rêvais à la mer, au soleil, à l’avenir merveilleux qui m’attendait, et au diable les leçons et devoirs !

 

 
J’avais, dès le début, mal commencé dans la vie. De nombreuses maladies avaient fait de moi un enfant chétif. Dès mon arrivée à l’école, je collectionnais les punitions et n’avais pas de rival pour la place de dernier. Quand je commençais dans une place, plus tard, j’avais le don pour exaspérer mes chefs et monter contre moi mes collègues. Même si je n’étais pas à l’origine de tous, on m’accusait dès que se produisait un incident. Partions-nous en voyage, la voiture tombait en panne. Le jour de mon mariage, j’ai perdu les alliances. L’autre  jour encore, au banquet de communion de mon neveu, j’ai renversé la table en me levant. Douze verres et sept assiettes, plus la tante Agathe qui s’est retrouvée avec le couteau planté dans la cuisse

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