Armel Bazin Le
16 mars 2015
Le Moulin de la Vallière
37380 Reugny
Madame,
J’ai reçu dernièrement une sollicitation de
l’association « la manif pour tous » accompagnée d’une lettre signée
par vous qui a retenu mon attention. La fameuse loi dite Taubira m’a en effet
rendu perplexe. Je ne voyais pas pourquoi la bonne conscience de quelques
milliers de citoyens entraînait la modification de notre code civil. J’aurais
de ce fait été tenté de soutenir ceux qui la combattent s’il n’y avait eu cette
« manif pour tous » qui traînait autour d’elle je ne sais quel parfum
délétère. La première militante contre le mariage homosexuel, madame deux
doigts, s’était pour la circonstance métamorphosée de nymphomane en dame
patronnesse. Vous êtes mieux dans le rôle de la conservatrice attachée à la
structure passée de la société, particulée par surcroît, une parfaite
représentante de votre classe sociale.
On sent dans vos arguments des relents de rejet, voire
de haine, envers celles et ceux qui vivent différemment. Les homophobes ont
fait bien du tort à votre cause. Je ne saurais en aucun cas mêler mes gestes,
mes propos et mon argent à ceux des porteurs de mépris et de haine. Me
direz-vous, rien dans vos propos ne sous-entend pas ces sentiments déplaisants.
Vous conviendrez avec moi que l’exclusion et le rejet font partie de l’arsenal
de vos soutiens. S’il m’est difficile d’accepter le mariage homosexuel, je
préfère encore cette voie à la solution, peu chrétienne à mon sens, de ceux qui
veulent le maintien des règles discriminatoires.
Que la loi Taubira trouve son accomplissement dans
l’acceptation de la PMA et de la GPA, c’est sans doute le cas. Vos amis
proclamaient que plutôt que d’avorter, il fallait développer des structures
d’accueil pour les enfants non désirés. N’est-ce pas un peu semblable :
ces enfants nés sans père, sans mère, ou avec trop de pères ou de mères,
peut-être faut-il les aimer avant tout. Votre discours sur les enfants heureux
avec un père et une mère ne me convainc pas. Je connais un peu les gens
« de bonne famille », assez pour savoir combien ils ont peur de tout
changement. Alors, je me secoue pour échapper à la part de mon éducation rigide
et frileuse. Ce n’est pas toujours facile, croyez-le. Il est souvent plus
confortable de se draper dans ses certitudes et de refuser d’ouvrir les yeux ou
de réfléchir.
Pardonnez, madame, ma lettre un peu polémique. Je me
demande pourquoi une femme jeune et jolie, sur le berceau de laquelle les
bonnes fées se sont sans doute penchées, se lance dans une telle aventure.
Pourquoi s’en prendre aux homosexuels plutôt que défendre les femmes battues ou
les enfants martyrs, voire les immigrés chassés par tous. Quelle blessure,
quelle assurance d’être dans son droit, quelle morgue ?
Je vous présente, madame, mes hommages respectueux.
Armel Bazin
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